Les signes que nous laissons – Journal d’écriture de l’autre livre – Métafragment #9
En vrac, je trouve 213 images. Bouts d’écritures, bouts de lecture, bouts de notes, capture d’écran pour des raisons qui à présent m’échappent.
J’en fais une galerie sur mon blog, pour voir ce qu’elles auront à se dire les unes au contact des autres. Mais ça ne marche pas. Certaines images ne supportent pas le voisinages des autres. Elles se mettent à jurer.
Il fait nuit dans le bureau, j’ai les mains qui se crispent sur les touches, épuisée de ma journée de cours et de réunion en visio. J’abandonne pour ce soir, essaye de garder de l’élan pour les enseignements du lendemain. Je me réjouis d’avoir trouvé le temps pour quelques lignes. J’ai le secret de la joie, une manière de retrouver ma puissance d’agir, ma capacité de réponse : écrire ne serait-ce que pour dire que je ne peux matériellement, cognitivement, psychologiquement, physiquement pas écrire. Bref que je n’ai pas le temps, pas l’énergie, pas la disponibilité d’écrire, plus les idées. Ne pas pouvoir écrire est politique.
Si j’écris par morceaux et que tu me lis par morceaux, on ne s’en sortira jamais. C’est drôle. Le sens est un travail de couture : est-ce l’autrice ou la lectrice qui emplira-reliera les blancs ? Les blancs, comme les silences nous donnent le temps et l’espace pour respirer. Que dit de nous cette manie de remplir tous les espaces pour empêcher le sens de se faire autrement à partir des signes que nous laissons ? Sur-jalonner le chemin. Laisser les signes dériver… Si j’écris par morceaux et que tu me lis par morceaux, peut-être que nous respirons mieux.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Mélodie Faury (3 mai 2022). Les signes que nous laissons – Journal d’écriture de l’autre livre – Métafragment #9. L'Infusoir. Consulté le 13 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/qclv
